Macky Sall a bien compris la leçon. La prison est un bon raccourci vers le pouvoir. Il ne compte pas dérouler le tapis rouge à son plus farouche opposant, Ousmane Sonko. Il ne faut pas compter sur lui pour l’arrêter. Malgré ses écarts de langage. Droit dans ses bottes et appréciant les sorties au vitriol du leader de PASTEF, il a confié récemment à des visiteurs : « Si c’était dans d’autres pays, Sonko, par ses déclarations incendiaires, serait sept pieds sous terre. Mais heureusement pour lui nous sommes dans un pays démocratique, épris de paix, le Sénégal. Qu’il dise ce qu’il veut, je ne le ferai pas arrêter. » Pour le chef de l’Etat, la stratégie de son opposant est très simple : faire de l’enfumage pour faire oublier son contentieux avec la célèbre masseuse, Adji Sarr. Aussi, selon lui, « Sonko cherche-t-il à faire feu de tout bois pour ne pas aller en procès et pour enterrer l’affaire Adji Sarr. » Ousmane Sonko, généralement bien informé, a-t-il eu écho de ces confidences ? Il continue, en tout cas, de tirer sur la fibre ethnique et régionaliste, répétant à l’envi que « Macky Sall n’aime pas les Diolas et la Casamance. » Comme pour renchérir et tout en restant dans le clair-obscur par rapport à sa troisième candidature à la présidentielle 2024, le Président Macky Sall martèle : « Je ne laisserai jamais ce pays entre les mains d’un aventurier. » Pas besoin d’être un génie pour comprendre que sa cible n’est autre que Sonko, arrivé troisième à la présidentielle de 2019. Excédé par la défaillance de ses relais avec les militants, qu’ils soient ministres ou directeurs généraux, le commandant en chef des troupes de l’APR ne semblant toujours pas avoir trouvé l’oiseau rare pour le remplacer à la tête de son parti et de l’Etat, s’oblige à s’impliquer au quotidien dans la gestion de son parti.
Mamadou Thierno TALLA
