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Décès du professeur Tafsir Malick Ndiaye: l’hommage de Amadou Lamine Sall

Mon frère est mort. Mon ami est mort. La beauté de l’esprit est morte. La grâce de la pensée est morte. La piété est morte.

Jamais un homme, un professeur de l’Université n’aura été si brillant ! Presque un extra terrestre ! Il parlait comme un livre. Il avait bu tous les dictionnaires. Il avait visité tous les livres de droit, toutes les cultures.

Il était le droit ! Il enseignait le droit international. Il aimait Dieu et le prophète Mohamed le chérissait. Ils se parlaient.

Pour Pape Tam, comme je l’appelais, le Coran était son écho. Il en connaissait tous les recoins. L’écouter prier ou réciter le Coran était un enchantement ! Ce professeur, ce père de famille, ce citoyen elevé, n’était pas un jomme. Il était un esprit ! Et quel esprit !

Le professeur Tafsir Malick Ndiaye a occupé les postes d’Assistant à l’Université Paris X-Nanterre et simultanément d’Assistant au Collège de France dans la chaire de droit international du professeur René-Jean Dupuy. Il devient Docteur d’État en droit de l’Univerdite Paris X-Nanterre en 1984 avec la mention très honorable et les félicitations du jury.

Rentré à Dakar, il occupe le poste de Directeur du Centre de recherche de la Faculté de droit de l’Université Cheikh Anta Diop à partir de 1985.

Il a été conseiller du gouvernement du Sénégal sur la Sénégambie, conseiller lors des négociations sur la dette commerciale souveraine du Sénégal devant le Club de Londres, rapporteur de la Commission nationale de réforme du code électoral Sénégalais, également consultant des Nations Unies.

Il a été membre du conseil scientifique de la revue de droit State Practice and International Law. Membre de la Chambre pour le règlement des différends relatifs aux fonds marins du Tribunal international du droit de la mer. Il sera élu à l’unanimité Président de la Chambre pour le règlement des différents relatifs aux pêcheries, à la conservation et à la gestion des ressources biologiques marines.

Il a été réélu juge du Tribunal international du droit de la mer, à New-York, en 2011, par 139 États-Parties sur 162.

Voilà, en résumé, ce que ce fils du Sénégal a donné et apporté au monde. Le Président Kéba Mbaye, la légende, en avait fait son fils et le chérissait.

En 2016, paraissait son ouvrage de 1304 pages, portant le titre : ÉCRITS DE DROIT -Writtings of law- ! Surpris et étonné, il m’avait demandé d’en écrire la préface !

Comment un poète, si loin et si analphabète comme moi, oserait-il écrire la préface d’un livre de droit, par ailleurs écrit par le professeur Tafsir Malick Ndiaye ? Il insista !

J’écrivis la préface !
En voici quelques lignes :
« La plume d’un poète sur les écrits et délibérations d’un juge ? Ce n’est pas une audace, c’est un défi contre la raison ! Mais la raison, par bonheur, n’a jamais fait le monde, je veux dire l’homme. L’homme, c’est le cœur. Le cœur c’est le raccourci vers Dieu. Peut-être que le Droit ne peut être que raison pour conduire sa mission de justice et d’équité. Et sur cette voie, il est quelque part à l’ombre du divin. Il serait même Sa voix sur terre, c’est à dire l’écho de ce qui est juste et équitable. Mais jusqu’où des mortels peuvent-ils accomplir cette mission du juste et de l’équitable? Jusqu’où le Droit serait-il raison et émotion sans se mettre en péril ? »

Le professeur Tafsir Malick Ndiaye est au ciel.
Son cours commence. Dieu en est le Modérateur.

À Khar Suzanne Diouf, l’épouse incomparable, à ses enfants, à la famille, je dis ma douleur !
Pape Tam était mon Pape Tam. Il est parti trop tôt.

Ce 07 mars 2024.
—————Amadou Lamine Sall

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