A LA UNE Politique

Présidentielle du 24 mars : Continuité ou tsunami ?

Le dimanche 24 mars, les Sénégalais se rendront aux urnes pour choisir leur Président de la République. Pour la douzième fois après 1963, 1968,1973, 1978, 1983,1988,1993, 2000, 2007, 2012 et 2019.

Reporté à la grande surprise par le Président Macky Sall, le scrutin se tient finalement après un mois de retard pour un scrutin prévu initialement le 25 février. Que de ping-pong entre le Président de la République, l’Assenblée Nationale et le Conseil Constitutionne,seul juge du processus électoral. Une première au Sénégal. Autres faits inédits : le Président sortant ne se représente pas; nous avons 17 candidats effectifs, mais 19 officiels avec le maintien de Habib Sy et Cheikh Tidiane Dièye qui ont vu le Conseil constitutionnel refuser leur abandon au profit de Bassirou Diomaye Diakhar Faye; la campagne a duré treize jours au lieu des trois semaines habituelles, et en plein carêmr et ramadan
Nous sommes 7,3 millions d’inscrits sur le fichier électoral.
L’issue du scrutin pourrait se jouer entre Amadou Bâ de la coalition Benno Bokk Yaakaar et Bassirou Diomaye Diakhar Faye de Diomaye Président 2024. Ces deux coalitions ont été les plus grosses machines électorales, celles qui ont drainé le plus de foules et ont sillonné toutes les quatorze régions. La seule certitude du 24 mardi : l’heureux élu sera un Inspecteur des impôts et Domaines. Pour le reste, c’est le flou. Qui bien malin, pourra dire s’il y aura un vainqueur au premier tour ou si les électeurs ne les départageront que le 14 avril prochain, date de la tenue d’un deuxième tour ?
Malgré le ralliement de Karim Wade et d’une partie du Parti démocratique sénégalais(PDS) et une audience du duo Diomaye-Sonko avec Abdoulaye Wade, rien n’indique que ce soutien obtenu sur le tard pèsera sur la balance? Karim, l’enfant gâté de Wade qui tire les ficelles depuis Qatar, semble avoir une dent tenace contre Amadou Bâ, accusé d’avoir sabordé sa candidature.
Pour le moment, Diomaye n’est considéré par son adversaire que le clone de Ousmane Sonko, « un aventurier », « un stagiaire » quadragénaire auquel il n’est pas sûr de confier les rênes du Sénégal, futur pays gazier et pétrolier. Principal argument avancé: en quinze ans de carrière, il n’a jamais été chef de service encore moins directeur.
Tout le contraire de Amadou Bâ qui de 2003 à 2023 a été directeur des impôts, directeur général des impôts et Domaines, ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, ministre des Affaires étrangères puis Premier ministre. Orfèvre du Plan Sénégal émergent(PSE), il se fixe 2030 comme horizo et non 2035 pour atteindre les objectifs de ce plan. Il pourrait surtout bénéficier du vote des adultes et des femmes de 36 ans et plus qui constituent les 86 % des inscrits.
Quant à Diomaye, il pourrait faire le plein chez les votants de 18 à 35 ans qui forment les 14% du fichier électoral. Ce candidat polygame inattendu devra piocher dans d’autres tranches d’âge pour espérer triompher au soir du 24 mars.
La coalition Benno Bokk Yaakar, très fortement représentée dans les régions de Louga, Saint-Louis, Matam, Kaffrine et Tambacounda, devra batailler ferme pour remporter le scrutin, surtout dans « l’axe central » du Sénégal : Dakar, Thiès et Diourbel. Ces trois régions totalisent près de la moitié des 7,3 millions d’inscrits avec 1829 000 pour Dkar, 1 003 000 pour Thiès et 635 793 pour Diourbel. Si Amadou Bâ bénéficie bien du soutien de Benno, il pourrait comme Macky Sall en 2019, gagner Pikine, Mbour et Bambey.
Mais Bassirou Diomaye, porteur d’un  » projet » de rupture et d’espoir bénéficiera forcément et principalement du vote des jeunes. Reste à savoir s’ils iront voter massivement.
Si Diomaye parvenait à gagner le 24 mars ou le 14 avril, ce serait un vrai tsunami, une tempête dévastatrice pour bien des pontes du régime de Macky Sall. Diomaye et Sonko n’ont jamais eu de cesse de demander une reddition des comptes et une lutte implacable contre la corruption et l’impunité.Une perspective funeste que la coalition Benno ne veut même pas envisager.
Mamadou Thierno TALLA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *